Rendez-vous avec les mésanges à longue queue

par Etienne Graindorge
Mésange à longue queue © Marc Fasol
Il y a quelques semaines, au début du printemps, la période était idéale pour observer les oiseaux des jardins : les feuillages étaient encore légers ou clairsemés, et les oiseaux étaient très affairés à délimiter leurs territoires et attirer leurs partenaires. Dans mon jardin, je voyais régulièrement mésanges, moineaux, pinsons se disputer un arbre, ou un coin de haie; et je pouvais facilement repérer le manège d’un troglodyte autour d’une souche, ou une fauvette à tête noire visitant les buissons dégarnis.
J’avais mes rendez-vous quotidiens : le rouge-gorge qui venait chanter tous les soirs, perché sur le bouleau, sur un fruitier, voire sur l’antenne de la maison, et surtout les mésanges à longue queue qui parcouraient chaque jour les arbres du jardin. Elles arrivaient par groupe, parfois une dizaine d’oiseaux en même temps, et voletaient rapidement de branche en branche, arpentant leur domaine à la recherche de quelques graines et des premiers insectes. C’était toujours vif, rapide, acrobatique ! Des silhouettes étonnantes, petite boules à la queue démesurées, qui s’enfuyaient aussi vite, dans le jardin voisin…

Vers le mois d’avril, tous les oiseaux, même les plus discrets cherchaient à être entendus de loin. Et sans avoir à tendre l’oreille, j’étais averti de la présence des pinsons par leur appel descendant et saccadé caractéristique, de la grive musicienne, portant bien son nom, ou des pouillots véloces avec leurs “tchip tchap tchup” sonores et réguliers.

Puis les semaines passant, le ballet de mésanges à longue queue a cessé, signe qu’elles étaient occupées à nicher et couver. Je ne les voyais plus guère en groupe, elles étaient pour un temps devenues solitaires et signalaient leur territoire à leurs congénères par de courts sifflements perçants.
Pendant quelque temps, les oiseaux que je voyais filer sous mes yeux avaient le bec chargé de brindilles, plumes, mousse, lichen pour tapisser leur nid, ou d’insectes pour nourrir les oisillons tout juste éclos. C’était une période épuisante pour les parents qui dépensaient du coup moins d’énergie à parader…

Alors j’étais particulièrement heureux il y a quelques jours d’avoir de nouveau la visite d’un petit groupe de mésanges à longue queue ! Probablement des jeunes se suivant de près, à quatre sur la même branche, piaillant et picorant les insectes qu’elles trouvent… La première nichée de l’année était de sortie, et les adultes pouvaient reprendre quelques forces et un peu de repos bien mérité avant de préparer la future nichée d’été !

Durant les derniers mois, j’ai tenté de prêter un peu d’attention à tous les chants que j’entendais au jardin, et j’ai été surpris de leur variété, surtout en fin d’après midi et en début de soirée, les heures les plus actives de la journée.
Les feuillages de plus en plus denses me laissent à peine apercevoir un mouvement, un passereau trop furtif pour être identifié, mais les chant résonnent encore, car les limites des territoires sont toujours remises en question par les voisins.

Même si les oiseaux sont dissimulés par les feuillages, il est toujours possible de les écouter attentivement pour deviner qui nous avertit de sa présence… Et avec un simple smartphone, voici ce que j’ai pu enregistrer dans mon petit jardin à Chantepie : chaque oiseau a ses heures préférées, mais le concert du début de soirée est en général très vivant !

Par exemples ceux qui sont si petits qu’on peine à croire qu’ils puissent être si sonores :

longues phrases puissantes et métalliques, aux notes répétées caractéristiques
Troglodyte mignon
Troglodyte mignon © René Dumoulin
courtes phrases (3-5 secondes) toujours variées, mélodieuses, espacées de quelques secondes
Rougegorge Familier © Nathalie Santa Maria
Ceux qui sont tellement familiers qu’ils font partie de notre paysage sonore quotidien :
le “tutii tutii tutii …” ou “ti-titu ti-titu ti-titu…” répété qu’on entend de loin, mécanique et régulier
un peu plus aigu que sa cousine charbonnière, parfois grinçant, “srrriiiiii”, avec des trilles finales un peu plus longues
“tchip tchip tchip ” qu’on entend surtout en ville
très facile à reconnaître ! c’est toujours cette cascade descendante de notes répétées, avec une finale un peu grinçante… 
Ceux qu’on aurait bien du mal à voir tant leur plumage terne se fond dans leur environnement :
“tchip tchap tchap tchip tchap….” il compte ses sous ! Très régulier et reconnaissable
Pouillot véloce © Marc Fasol
l’un des oiseaux les plus mélodieux et volubiles, pas toujours simple à identifier avec certitude : on peut la confondre avec d’autres bons chanteurs…
de la même famille que le pinson, il a une tessiture proche ; des notes répétées à différentes vitesse et des “djjjjiii” grinçants.
Verdier d’Europe © Nathalie Santa Maria
gazouillis très aigus et assez uniformes en courtes phrases
Et au hasard d’une promenade vous entendez un chant inconnu, sortez l’appli Birdnet de votre téléphone pour espérer l’identifier !
Vous serez heureux de savoir que vous êtes passé à quelques pas d’une Rousserole Effarvatte (enregistrée sur le GR34 au fort Lalatte), d’une Hypolaïs polyglotte, ou d’une Grive musicienne ! 
un chant assez bavard et découpé
très varié, avec des syllabes répétées deux à quatre fois, mélodieux et agréable à écouter
(pas certain de l’identification !) pourrait être aussi une fauvette

Et vous ? Qu’entendez-vous par vos fenêtres et dans vos balades ? Quels oiseaux habitent vos jardins cantepiens ? Partagez-nous vos observations en commentaire !

1 Commentaire

  1. sauvager

    Bravo pour ce travail qui nous fait découvrir la diversité et la richesse sonore des chants d’oiseaux, source évidente d’inspiration pour Olivier Messiaen.

    Réponse

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12 juin 2022 | biodiversité