La transition intérieure fait partie intégrante de l’ADN du collectif les Fol’épis. Elle est depuis le début un de ses socles fondateurs. On nous a souvent demandé « C’est quoi exactement la transition intérieure ? » Et répondre à cette question n’a rien d’évident d’un premier abord, alors même que cette notion est si importante à nos yeux. 1 an après la première ouverture de la yourte sur l’espace public de Chantepie, nous ressentons le besoin de l’expliciter plus clairement.
Le travail de transition intérieure, c’est revoir notre positionnement au monde, aux autres, à soi-même et à l’ensemble du vivant pour un rapport plus sensible, laissant la place à l’esthétique et à la poésie, un rapport moins distancié au monde. C’est apprendre à accueillir les émotions négatives et à les transformer en mise en mouvement, plutôt que de céder à l’envie de se rouler en boule sous la couette. Une sorte d’antidote à la rage, à l’angoisse, ou à la tristesse.
Dans le contexte d’un collectif, c’est aussi travailler notre posture de coopération. Celle qui nous permet de créer ensemble et d’associer nos forces tout en préservant ce que nous avons chacun de plus précieux : notre flamme de vie, notre élan vers ce qui nous anime, notre joie à nous sentir vivant et capable d’agir, notre enthousiasme à sentir que notre envie pourra être transformée en action concrète quand on s’y met à plusieurs.
Pourtant, ce n’est pas un long fleuve tranquille, il peut y avoir des pas en avant et des pas en arrière. Il est tellement facile de retomber dans un rapport gestionnaire (optimiser, mesurer des données quantifiables, contrôler, s’inscrire dans une logique comptable, fragmenter, etc), tant la société nous a conditionné ainsi. Cette logique, quand il n’existe que ça, à tendance à devenir étouffante et au final démobilisatrice.
C’est une approche que nous cherchons à mettre également en œuvre dans le collectif, pour accueillir les énergies de chacun plutôt que de demander à tous de rentrer dans des cases préfabriquées. On n’en est pas tous au même endroit sur le chemin de la transition… Le plus important est la mise en mouvement et la direction globale. Ce travail de respect de chacun est fondamental, même s’il est loin d’être simple tous les jours !
Nous souhaitons donc travailler activement à nous dé-conditionner. Ca n’a rien d’évident, tant ce fonctionnement est ancré en nous, et nous aurons sûrement de vieux réflexes de temps en temps. Mais ayons de l’indulgence sur ce chemin. Nous garderons toujours en tête ce travail de transition intérieure comme une boussole, qui préserve le vivant en chacun de nous.
Pour nous aider à cela, nous mettons déjà en place différentes pratiques permettant d’expérimenter ce rapport sensible au vivant en nous et autour de nous : méditation, accordages, cercles de femmes et d’hommes, balades naturalistes, chantiers collectifs créatifs. Si vous avez envie de nous faire partager une pratique allant dans ce sens et qui vous tient à cœur, nous serons d’ailleurs très contents de l’expérimenter.
Nous prêtons également attention à l’esthétique et à la nature des espaces dans lesquels nous nous retrouvons, pour qu’ils permettent un maximum d’ouverture et de créativité. Voilà pourquoi nous aimons tant ouvrir la yourte (collectivement auto-construite) dans les espaces publics de Chantepie.
Nous prévoyons également de nous former davantage à la posture de coopération et aux outils d’intelligence collective, en nous inspirant des travaux de l’Université du nous, ou en participant à des stages autour des ces pratiques. Vous êtes toutes et tous bien sûr les bienvenu•es !