Lettre ouverte pour un urbanisme durable !

par Collectif les Fol'épis

En novembre dernier, nous avons échangé avec M. Rebuffie, adjoint à l’aménagement, l’urbanisme et le numérique, sur l’urbanisme à Chantepie et la vision défendue par le Collectif, notamment dans nos retours concernant la concertation publique sur l’aménagement de la zone Loges/Logettes.

C’était une discussion très ouverte, où nous avons pu poser nos questions sur l’aménagement des Maxilots du bocage citadin, le vivre ensemble, les commerces de proximité et les politiques de quartier. Nous avons parlé des possibilités et contraintes de construction (densité, matériaux, habitat léger…), de résilience urbaine, et de biodiversité. Des thèmes chers à notre Collectif citoyen.

La discussion a été intéressante, mais nous a laissé un petit goût d’inachevé…

Nous avons effectivement abordé beaucoup de sujets, mais il nous a semblé à l’issue de cette rencontre que nous n’avions pas réussi, à nos yeux, à souligner l’importance de changer radicalement de perspective pour les années à venir. Chaque jour qui passe nous confirme que l’urgence est à notre porte sur tous les sujets.

Nous écrivons aujourd’hui une lettre publique qui vient appuyer et préciser certains points sur l’offre de logements à Chantepie et la biodiversité.

Découvrez ci-dessous la lettre adressée ce jour à la Mairie.

Messieurs les élus,

 

Lors de notre rencontre le 14 novembre dernier, nous avons abordé et approfondi un grand nombre de sujets importants qui nous tenaient à cœur.

Nous avons ainsi détaillé, entre autres, la politique de la commune concernant l’installation de commerces de proximité autour de la Place Rosa Parks et des futurs maxilots du bocage citadin.
Nous avons également pris la mesure des enjeux d’urbanisme liées aux nouvelles et futures constructions, qui doivent s’accommoder de contraintes multiples, tant réglementaires qu’économiques.

Nous nous adressons à vous aujourd’hui pour prolonger cet échange et attirer votre attention sur des points que nous n’avons pas eu le temps de préciser suffisamment lors de cette réunion. Nous choisissons de rendre publique cette lettre sur le site internet du collectif les Fol’épis, car il nous semble important que ces questions et la position du collectif soient portées à l’attention des habitants de la ville.

 

Le contexte actuel renforce nos inquiétudes concernant l’importance des sujets sur l’écologie et la solidarité dans le débat politique.

De toute part, les minorités sont visées par des prises de position d’acteurs publics ou privés, menaçant directement les luttes pour une société plus égalitaire et inclusive.
Les questions écologiques ne sont pas épargnées, avec le coup récent porté par le gouvernement à l’OFB et l’Agence Bio, la fragilité de l’accord de Paris, ou la réduction des objectifs du Pacte Vert Européen, qui témoignent d’un recul important de ces questions dans les priorités politiques actuelles.

Ces positions, à rebours de l’urgence politique et écologique de notre époque nous incitent à exprimer de nouveau notre attachement à ces sujets.

 

La crise écologique que nous traversons est avant tout une crise d’habitabilité de nos lieux de vie : elle menace autant les sociétés humaines que les écosystèmes dont nous dépendons. La précarité des habitats ne se limite donc pas aux citoyens de la ville, mais touche tous les êtres vivants de la commune, humains et non-humains.

Plus que jamais, c’est à l’échelle locale que ces questions doivent être abordées, et que des solutions doivent être trouvées et soutenues. Nous appelons donc la municipalité à défendre une position ambitieuse à même de renforcer la résilience du territoire et de ses écosystèmes.

Cette position devrait être réaffirmée comme une priorité auprès des citoyens mais aussi de la métropole et des autres collectivités.
Nous prenons de nouveau l’exemple sur la ville de Malaunay (76) qui a pris soin de définir mais surtout de communiquer un plan de transition clair et détaillé, précisant les enjeux locaux, les étapes et les objectifs à atteindre.

 

Alors que les études se multiplient montrant l’effondrement dramatique de tous les groupes de la faune et la flore sauvage (jusqu’à -80 % des insectes et -70 % des vertébrés…), préserver les derniers milieux non anthropisés n’est pas suffisant. Il faut également restaurer ce qui peut encore l’être. Leur survie, et par conséquent la nôtre, en dépend.

C’est le sens du « contrat nature » mis en place par la région Bretagne, qui souligne bien l’importance de la restauration des habitats et de leur fonctionnement écologique (puits de carbone, zone de nidification, ilot de fraicheur, zone de biodiversité, infiltration de l’eau…)

De même, les corridors écologiques, nombreux à Chantepie, ne suffisent plus aujourd’hui : un lieu de passage n’est pas un habitat. La fragmentation des habitats en mosaïques rend la nidification et l’installation impossible pour nombre d’espèces sauvages. Il serait primordial, lors du travail sur l’évolution du PLUi, de militer pour la préservation de zones aujourd’hui classées AU.

Nous pensons notamment à la pointe nord de la zone 2AU entre la voie ferrée et la route de Chateaugiron (il y a suffisamment de surface déjà artificialisée dans la zone Loge-Logette pour préserver ce dernier poumon relativement sauvage car peu accessible, même à pied) ; mais aussi à la zone 2AU à la frontière de Cesson-Sévigné.

 

Cette vision de long terme d’une commune résiliente et préservée d’une artificialisation excessive figurait déjà dans le programme présenté en 2020 par votre liste « Chantepie demain ». Vous aviez souligné l’importance de « reprendre la main sur l’urbanisme qualitatif plutôt que quantitatif », ainsi que de « sauvegarder les terrains naturels et agricoles ». Nous nous interrogeons aujourd’hui sur l’articulation possible de ces souhaits par rapport aux exigence de construction de logement, nécessairement quantitatives.

Dans cette optique plusieurs approches peuvent être envisagées pour augmenter l’offre de logements à Chantepie sans nuire aux derniers espaces préservés de la commune

 

Tout d’abord la démarche BIMBY / BUNTI mise en œuvre par exemple au Pays de Chateaugiron ou dans l’agglomération de Morlaix (parmi de nombreux exemples).
BIMBY met en avant la construction par division parcellaire, pour les parcelles suffisamment grandes, tandis que BUNTI vise à accompagne les propriétaires dans un projet de travaux d’extension, de réhausse d’une maison, d’aménagement… Ainsi une grande propriété habitée par une personne seule pourrait accueillir en location de nouveaux habitants.
Cette démarche peut également s’inscrire dans un cadre intergénérationnel, comme le proposent de nombreuses associations (Ensemble 2 générations, Cohabilis, Accueil à la maison, Colocation solidaire , par exemple…)

 

D’autre part l’habitat léger et réversible offre des possibilités importantes pour accueillir de nouveaux habitants à Chantepie. Ça peut être sous la forme d’un hameau léger, comme à Grandchamp (56), Guipel (35), ou Saint-André des eaux (22), mais aussi sous la forme de micro-habitat installés en fond de parcelle.
Dans les deux cas, les sols restent préservés de l’artificialisation, tout en proposant de nouveaux logements dans la ville.

Ces pistes de réflexions permettent d’imaginer des solutions innovante pour un urbanisme plus en phase avec les urgences de notre époque. A nouveau, nous sommes convaincus que des gestes politiques forts sont indispensables pour engager davantage la ville dans une démarche de transition pérenne.

En souhaitant que ces propositions retiennent votre attention, nous vous prions d’agréer, Messieurs, nos plus respectueuses salutations.

 

Le collectif Les Fol’épis

Si vous aussi, vous vous retrouvez dans ce message et que vous souhaitez nous aider à le porter plus loin, nous vous invitons à cosigner cette lettre avec nous. Soit en remplissant le formulaire ci-dessous, soit en nous écrivant directement à contact(at)collectif-lesfolepis.org


27 février 2025 | Non classé